Née à Tours en 1981, Capucine Trochet a travaillé plusieurs années dans le domaine du journalisme, avant de se consacrer à la voile. Un changement radical mais nécessaire, pour une jeune femme pleine d’ambition, avide d’aventures et de liberté.
Découvrez le portrait de cette navigatrice extraordinaire, atteinte d’une maladie rare, partie en quête de liberté à bord de son bateau, Tara Tari !
La pratique de la voile, sa liberté
Une navigatrice atypique
« Une navigatrice courageuse et déterminée, qui a décidé de vivre avec sa maladie et non pas contre elle.»
Capucine Trochet est une aventurière qui n’en est pas à son coup d’essai. Le voyage, c’était une échappatoire au train-train de sa vie quotidienne, un rythme « métro, boulot, dodo » qui ne lui correspondait pas. Le besoin de liberté et d’aventure se fait ressentir et finit par prendre le dessus.
Elle a 28 ans lorsque, après avoir parcouru le monde seule ou accompagnée, Capucine décide de changer de vie. Elle quitte son travail et la région parisienne puis part s’installer en Bretagne afin d’apprendre à naviguer à bord d’un voilier. Son objectif : les régates.
La voile, c’était devenu sa passion. Capucine se prépare pour la course et décide d’acquérir un bateau. De fil en aiguille, elle découvre un petit bateau qui semble correspondre parfaitement à ce qu’elle recherche. Son rêve se concrétise peu à peu grâce à l’acquisition de ce petit voilier. Capucine passe beaucoup de temps à apporter des améliorations à son bateau et à l’entretenir.
Pour elle, c’est un moyen de se reconnecter à l’essentiel, d’être à nouveau en phase avec elle-même, en étant plus proche de la nature. Ce bateau, le Tara Tari, devient pour elle un véritable refuge, tout le temps qu’elle passe à s’occuper de son petit voilier ne fait que confirmer son désir de naviguer à bord de ce bateau et d’atteindre son ultime objectif : traverser l’Atlantique.
Naviguer à bord du Tara Tari : sa liberté
Découvrir Corentin de Chatelperron et les Low Tech : Nomade des mers, les escales de l’innovation
Le Tara Tari est un bateau de neuf mètres de long et de deux mètres de large, fabriqué par le petit génie des Low Tech : Corentin de Chatelperron. Il est en partie composé de toile de jute et a été construit au Bangladesh.
Cette petite embarcation, avec sa voile orange, est unique, étroite, colorée et c’est à bord de cette dernière que Capucine souhaite y traverser l’Atlantique.
Pleine de rêves, elle s’entraîne sans relâche et continue d’apporter des améliorations à son bateau, malgré les blessures à répétition.
Cependant, peu à peu, un élément inattendu prend place dans la vie de la navigatrice. Capucine se blesse sans cesse et elle enchaîne les opérations chirurgicales suite à ses nombreuses blessures. Les médecins recommandent à Capucine d’arrêter la voile, afin d’éviter toute blessure supplémentaire. À ce moment-là, nul ne connaissait le nom de cette maladie génétique, qui rendait si difficile le quotidien de Capucine.
Capucine Trochet : son courage,
malgré la maladie
La maladie et ses impacts
À lire aussi : « Sur les Chemins Noirs » : Comment renaître de ses cendres ?
L’errance médicale prend finalement fin et le diagnostic tombe enfin. Capucine apprend qu’elle est atteinte du syndrome d’Elhers-Danlos. Les symptômes sont très handicapants dans le quotidien des personnes atteintes : des douleurs importantes au niveau des articulations, une prédisposition aux luxations, entorses et fractures, une cicatrisation lente, une fatigue excessive, etc. Capucine ne désespère pas, malgré la souffrance.
Après avoir passé six mois alitée, elle réapprend progressivement les gestes du quotidien à Kerpape, un centre de rééducation situé en Bretagne, sans jamais s’apitoyer sur son sort.
Capucine comprend qu’elle doit ralentir son rythme de vie et s’adapter aux contraintes liées au syndrome d’Elhers-Danlos, afin de pouvoir poursuivre ses rêves. Après avoir passé plusieurs mois sans avoir pu s’occuper de son bateau, Capucine retrouve le Tara Tari. Elle le nettoie en se couchant près de la coque ou en restant assise dans son fauteuil roulant.
Capucine s’adapte, elle continue à poursuivre ses rêves malgré la difficulté, en faisant preuve d’une incroyable ténacité et d’une positivité sans faille.
Patiemment, Capucine concrétise son rêve. Aidée par plusieurs personnes et grâce à la solidarité qui se crée, elle parvient à réparer le Tara Tari. Tous ces moments passés auprès de son bateau, sont des instants de pur bonheur pour elle, qui pouvait enfin se retrouver dans son élément.
Peu à peu, Capucine retrouve ses capacités physiques et parvient à marcher avec des béquilles. Il n’en fallait pas moins pour qu’elle parte à l’aventure à bord de son bateau, le Tara Tari !
« La terre nous en apprends plus long que tous les livres, parce qu’elle nous résiste, l’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. »
Antoine de Saint Exupery
La lenteur, un nouveau rythme de vie
Le Tara Tari est un bateau lent. Il vogue bas sur l’eau et n’est pas vraiment adapté pour réaliser une longue traversée. Mais il est le seul dans lequel Capucine se voit naviguer. Seule ou avec son ami Maxime, Capucine se lance donc dans diverses expéditions, dont l’aventure de ses rêves : la traversée de l’Atlantique.
Sans GPS, sans moteur, au gré du vent et de la météo, Capucine enchaîne les aventures et rien ne la rend plus heureuse que de voguer à bord de son petit bateau. Cependant, quelques mésaventures vont lui faire quelques frayeurs, telles que la tempête qu’elle a traversée lors de son passage au détroit de Gibraltar, ou lorsqu’une orque est passée extrêmement près du bateau, provoquant ainsi un dangereux risque de collision !
Des souvenirs qui, aujourd’hui, sont des anecdotes que Capucine aime partager avec ses proches ou à l’occasion d’interviews. Les voyages, elle en a fait beaucoup, mais pour elle, pas question d’arrêter ! À bord du Tara Tari, elle est enchantée lorsqu’elle fait escale sur la côte espagnole. Les pêcheurs sont très accueillants et Capucine apprécie particulièrement les moments partagés avec eux.
Aujourd’hui, Capucine Trochet poursuit son rêve et elle partage ses aventures et mésaventures sur les réseaux sociaux. Entre hôpital et mer, elle nous montre son courage, sa ténacité et sa persévérance qui font d’elle une aventurière hors-pair.
Une navigatrice unique, qui nous prouve que malgré la maladie et les difficultés que nous avons à traverser, nous pouvons toujours continuer à avancer. Son audace et sa positivité font de Capucine Trochet un véritable modèle. Une navigatrice courageuse et déterminée, qui a décidé de vivre avec sa maladie et non pas contre elle.
Son aventure à travers l’Atlantique, elle la raconte à travers son livre « Tara Tari. Mes ailes, ma liberté » publié aux éditions Arthaud.
