Découvrez le portrait d’un homme hors du commun dont l’humilité et la joie ne peuvent pas nous laisser indifférent.
L’océan, Kalani Lattanzi en a fait son temple, sa maison. Bodysurf, surf, bodyboard, surf tracté, c’est un waterman extraordinaire comme il en existe peu.
Dans le documentaire “Kalani : Gift from Heaven”, nous sommes spectateurs d’une véritable communion entre cet homme poisson et l’océan. Incroyable ! Je reste bouche bée. Retrouvez la bande annonce en fin d’article.
Et si vous êtes un amoureux de l’eau, comme moi, je vous recommande également l’autre film de Nuno Dias, “Empties”. 9 minutes de plans d’eau incroyables. On danse avec les vagues, on explose avec l’écume, les gerbes d’eau détonnent en nous !
Petit cadeau : je vous ai mis la vidéo tout en bas de l’article.
Histoire du Bodysurf
Le bodysurf est la discipline la plus épurée du monde du surf. On ne fait qu’un avec la vague, on se fond dans l’eau. Elle serait apparue avant le surf sur les îles polynésiennes. Notamment Tahiti, où enfants et adultes s’amusaient à glisser sur les vagues, sans artifices.
La première découverte d’une planche date du XIVème siècle. Selon les historiens et anthropologues, diverses pratiques de surf existaient à travers la Polynésie et dans d’autres lieux du Pacifique avant l’époque moderne. Le surf pratiqué debout sur de longues planches est attesté à Tahiti (1767) et à Hawaï par le récit des premiers explorateurs européens.
La plus ancienne planche de surf retrouvée est celle d’une chef nommée Kaneamuna, qui régna au début du XIVème. La planche fut découverte en 1905 dans son tombeau situé sur Ko’Okena, la plus grande île d’Hawai.
Avant l’invention du leash, tout surfeur devait également être un waterman accompli et être capable de revenir chercher sa planche par ses propres moyens.
De nos jours, le bodysurf se pratique le plus souvent avec une paire de palmes et ce que l’on appelle une handboard ou handplane, une planche qui s’enfile sous la main, afin d’assurer une meilleure direction. Une bonne maîtrise de l’apnée est également nécessaire.
Une des plus grandes compétitions du bodysurf est le Pipeline Bodysurfing Classic, qui se déroule depuis 1971 sur la vague de Banzai Pipeline sur l’Ile d’OAHU (Hawaï).
Cette discipline demande un profond lâcher prise. Si on se laisse gagner par la peur, tétaniser par la panique, c’est là que l’on risque de se faire mal, très mal. Suivre le mouvement de l’eau, aussi puissant soit-il, plutôt que d’essayer de le contrer. Le bodysurf permet de mieux connaître l’océan, de mieux lire et comprendre les vagues, d’être en communion avec l’élément, de sans cesse repousser ses limites à la seule force de son corps.
Kalani Lattanzi :
Portrait d’un Homme Poisson
Qui est cette réincarnation de Poséidon ?
Kalani, en hawaïen, signifie Gift from Heaven ou Presente do Céu en portugais !
Ce brésilien de 26 ans, né à Hawaï, a fait de l’eau son élément ! Dès son plus jeune âge, la puissance et la force de l’océan ne l’effraie pas, bien au contraire il semble y puiser sa propre force. On dirait que l’eau lui fraie un chemin !
Serein dans n’importe quelle situation, que la mer soit d’huile ou qu’il y ait des vagues de 15 mètres, il est comme un poisson dans l’eau.
“When I bodysurf I am confident, when I am surfing it’s scary because I have the big board … But when I’m bodysurfing, it’s like no fear at all … I feel home.” (Traduction 1) dit-il humblement.
Sans sécurité, sans gilet, sans casque, juste lui et ses palmes, il se jette dans la gueule de ces monstres de plus de 10 mètres. Mais la prudence vient avec le courage, il sait ce qu’il fait, ce n’est pas un kamikaze inconscient, comme ont pu le penser beaucoup de surfeurs, à ses débuts. Il est chez lui dans n’importe quel océan.
Son parcours le conduit ensuite à Nazaré au Portugal, où il va continuer son aventure avec l’océan sur les plus grosses vagues du monde.
"Kalani : Gift from Heaven"
Le film de Nuno Dias
Ce film vous tient 25 minutes en apnée. Mon cœur bondit encore dans ma poitrine. Je suis à la fois fascinée par l’alchimie entre l’eau et cet homme et à la fois terrifiée de voir ce corps secoué par des tonnes d’eau.
Nuno Dias, jeune réalisateur portugais, a suivi Kalani pendant trois ans sur les plus grosses vagues de Nazaré. “Gift from Heaven”, retrace son enfance au Brésil et ses premiers pas en tant que surfer, bodysurfer et bodyboarder.
Ce film regroupe les témoignages des meilleurs surfeurs de grosses vagues au monde : Garrett McNamara, Andrew Cotton, Ross Clarke-Jones, Maya Gabeira et Lucas Chumbo.
Nuno Dias signe une très belle performance cinématographique. Il faut savoir que cette discipline rend très difficile la capture d’images. Imaginez repérer une tâche microscopique dans une immensité d’écume !
“The sun was rising and I saw this like, what appeared to be someone in the water swimming, Is that a seal, or is that a dolphin, or is it a shark? F**k, that’s a man” (Traduction 2), confie Clarke-Jones, une légende du surf de grosses vagues.
Il vole sur l’eau. Certains passages laissent même entendre le son de son corps claquant sur la vague telle une torpille lancée à toute allure !
C’est un “Alien, un espèce de X men qui vit dans l’eau” (Lucas Chumbo). C’est un des sports les plus extrêmes du monde. La plupart des gens ne survivraient pas dans de telles conditions.
C’est le comble d’entendre dire Clarke-Jones, qu’il ne supporterait pas d’être à la place de Kalani, seul, livré à lui-même, à la seule force de son corps pour s’en sortir : “I would hate to be out there just on my own, my own power”.
Maya Gabeira, qui détient le record de la plus grosse vague surfée par une femme, confie que la première fois qu’elle l’a vu dans l’eau, elle a pensé que c’était un fou, mais aujourd’hui elle a compris qui il était : “il a un niveau de confiance et d’assurance dans des conditions extrêmes, qui est bien au dessus du mien et de nous tous.”
Il faut savoir que les monstres d’eau comme on peut les observer à Nazaré, se surfent la plupart du temps grâce à un jet ski qui tractent les surfeurs. Pour prendre ces vagues à la rame, il faut se trouver au pic, quasiment à la zone d’impact, ce qui est extrêmement dangereux avec des vagues de cette taille.
Ce moyen métrage a déjà reçu de nombreuses nominations comme le prix du meilleur documentaire au « SAL Festival » (Surf at Lisbon), à « l’International Surf Film Festival d’Anglet », « Sörf Film Fest » en Autriche, « Maui Film Festival » à Hawaii, « l’International Ocean Film Tour », etc.
En ces temps compliqués pour l’espèce humaine, Kalani nous donne une belle leçon de lâcher prise. Se mêler aux forces de la nature pour survivre. La moindre crispation ou peur le tuerait certainement.
Se mettre au contact de l’eau, de la nature, pour renforcer notre système immunitaire mais surtout pour aller à l’essentiel. Ces vraies richesses qui donnent à nos vies leur sens et leur saveurs.
Traductions 1 :
« Quand je bodysurfe, je suis confiant, quand je surfe, ça me fait peur parce que j’ai la grosse planche… Mais quand je bodysurfe, je n’ai aucune peur… Je me sens chez moi. »
Traductions 2 :
« Le soleil se levait et j’ai vu comme quelqu’un qui nageait dans l’eau. Est-ce que c’est une otarie, un dauphin, ou bien un requin ? M**de, c’est un homme ».
Voici la bande d’annonce de “Kalani : Gift from Heaven”. Le film n’est pas encore en accès libre mais vous pouvez le louer sur Vimeo, Apple TV, Itunes.
Et voici l’autre film de Nuno Dias « Empties », que je vous recommande vivement, si l’eau est votre élément ! Il est disponible gratuitement et ne dure que 9 minutes.